Le névrome de Morton

(Maladie de Morton ou névralgie inter-métatarsienne)

Docteur Hossenbaccus - Pied - Nevrome de Morton - névralgie inter-métatarsienne

Le névrome de Morton est le plus souvent situé entre le 3e et le 4e orteil (3e espace inter-métatarsiens) et plus rarement dans le 2e espace. Ce névrome peut être formé entre chacun des orteils. Il s’agit probablement d’un syndrome canalaire par irritation d’un nerf sensitif dans un tunnel inextensible entre les os métatarsiens et les ligaments.

Au niveau des orteils, la sensibilité est assurée par les nerfs plantaires interdigitaux, dont les branches de division assurent la sensibilité de la commissure interdigitale. Juste avant leur division au niveau de l’espace entre les têtes métatarsiennes, ces nerfs traversent un tunnel fibreux appelé « canal métatarsien ».

Lors de la marche, au moment des impulsions du pied au sol, le nerf est comprimé de façon répétitive au sein du canal métatarsien. Cette compression peut être aggravée par un chaussage étroit. Il en résulte une irritation du nerf qui provoque son épaississement jusqu’à l’apparition d’un renflement. Cet aspect épaissi ou renflé du nerf est désigné sous le terme de névrome.

Symptômes

La compression nerveuse provoque des douleurs fulgurantes à type de décharge électrique ou parfois de crampe irradiant vers les orteils, pouvant aller jusqu’à l’engourdissement des orteils (le plus souvent les 3e et 4e orteils). Parfois il y a une impression de boule douloureuse sous l’avant-pied.

Les douleurs sont majorées lorsque le pied est chaussé et le plus souvent pour des chaussures fines et étroites. Ces douleurs apparaissent à la marche ou à la course. Les patients sont contraints de s’arrêter de marcher ou de conduire afin de retirer leur chaussage et leur bas pour les femmes. Il y a souvent une envie impérieuse d’enlever la chaussure, d’enlever les contentions, de masser les orteils et même parfois de poser le pied sur un carrelage froid. Ces gestes peuvent soulager les douleurs.

Examen clinique

Toute douleur de l’avant-pied n’est pas systématiquement un névrome de Morton.
Évaluation du type (décharge électrique qui peut diffuser vers l’extrémité des orteils) et de la localisation de la douleur et des autres symptômes.
Évaluation de la sensibilité des orteils (baisse de sensibilité des commissures interdigitales).
Palpation de l’espace interdigital, recherche du signe de Mulder qui est caractéristique de la maladie (il s’agit du déclic douloureux du nevrome de Morton coincé entre les deux têtes métatarsiennes et les doigts du praticien).

Les examens complémentaires

Une radiographie du pied est réalisée pour éliminer d’autres pathologies osseuses ou articulaires.

Une échographie ou une IRM peuvent conforter le diagnostic.

Le traitement du névrome de Morton

Le traitement conservateur médical :

Le chaussage doit être adapté en portant des chaussures à bout large ne comprimant pas l’avant-pied. Il faut éviter les chaussures à talons.

Des semelles orthopédiques ont pour objectif de diminuer les pressions répétées sur le nerf et donc de diminuer son irritation.

Une infiltration de corticoïdes peut être pratiquée dans le but de diminuer ou supprimer les signes de la maladie.

Le traitement chirurgical :

Le traitement chirurgical conservateur consiste en une neurolyse (libération du nerf dans l’espace de compression). Libération du canal dans lequel le nerf est enclavé sans toucher au nerf malade. On réalise la section ou la résection du ligament entre les têtes métatarsiennes.                 

Le traitement chirurgical non conservateur consiste en la résection du nevrome de Morton. Il faut alors couper les quatre branches nerveuses autour du nevrome pour le retirer complètement. Ce traitement fait disparaître les douleurs et les décharges électriques mais en revanche il est responsable d’un certain nombre d’effets secondaires ou de complications post-opératoires comme les névromes cicatriciels (repousse nerveuse partielle et très douloureuse), une insensibilité des orteils concernés par le territoire nerveux réséqué et des troubles de cicatrisation cutanée ainsi qu’un risque de fibrose secondaire à l’acte chirurgical.

Devant tous ces éléments nous pensons que la maladie de Morton doit se traiter principalement médicalement. On ne réserve le traitement chirurgical qu’aux formes handicapantes ayant bénéficié du traitement médical bien adapté pendant plus de six mois.