Hallux rigidus

L’hallux rigidus est le nom spécifique de l’arthrose du gros orteil. Il s’agit d’une maladie dégénérative de l’articulation métatarso-phalangienne (articulation entre le 1er métatarse et la 1re phalange du gros orteil), le plus souvent sans cause connue (idiopathique). Dans de rares cas, cette arthrose est la conséquence d’une infection, d’une fracture ou encore d’un rhumatisme articulaire inflammatoire. L’arthrose est un vieillissement de l’articulation avec une disparition progressive du cartilage, le développement d’ostéophytes (becs osseux, excroissances osseuses) autour de l’articulation et de géodes (lacunes osseuses) dans les os jouxtant l’articulation.

Les conséquences et la clinique

L’usure du cartilage et la production d’excroissances osseuses bordant les surfaces articulaires diminuent progressivement les mobilités : l’articulation de la 1re métatarso-phalangienne perd sa mobilité et s’enraidit. Les extrémités osseuses ne pouvant plus glisser harmonieusement l’une contre l’autre deviennent de plus en plus douloureuses.

La raideur et les douleurs s’aggravent au fur et à mesure, se manifestant à la marche, lors du déroulé du pas et en flexion du gros orteil. Les excroissances osseuses périphériques peuvent devenir volumineuses et entraîner une gêne au chaussage. Ces excroissances osseuses se développent principalement au-dessus de l’articulation qui reste le plus souvent normalement axée (contrairement à l’hallux valgus).

Le diagnostic

Le diagnostic est clinique :  l’articulation de la 1re métatarso-phalangienne est déformée par des excroissances osseuses périarticulaires. Elle a des mobilités limitées et est douloureuse.

Les radiographies du pied en charge confirment le diagnostic : il y a une disparition du cartilage sous la forme d’un pincement articulaire et la présence d’ostéophytes (excroissances osseuses) bordant les surfaces articulaires.

Le traitement - Hallux Rigidus

Selon le stade de l’arthrose, différents traitements sont possibles :

Le traitement médical :

On traite la douleur par des antalgiques ou des anti-inflammatoires. On entretient les mobilités par de la rééducation. Dans certains cas, des injections intra-articulaires sont possibles (corticoïdes et/ou visco-supplémentation). Quand les mobilités sont plus limitées et trop douloureuses, il se discute une rigidification articulaire par des orthèses ou l’adaptation d’un chaussage plus large et à semelle rigide.

Le traitement chirurgical :

Le traitement chirurgical est proposé après échec des traitemnts médicaux et/ou podologiques ou d’emblée en fonction de l’importance de l’arthrose.

1-La chirurgie conservatrice :

Au début de cette arthrose, quand il y a encore une mobilité satisfaisante avec des douleurs uniquement sur les excroissances osseuses, il peut se discuter d’enlever les bosses osseuses et les débris d’os de l’articulation.

Dans les cas de patients jeunes avec des mobilités plutôt satisfaisantes et une usure qui n’est pas encore majeure, l’intervention conservatrice peut être envisagée par des ostéotomies décomprimantes (ostéotomies de diminution de longueur de la 1re phalange et surtout du premier métatarsien) et des arthrolyses. Les résultats sont incertains mais peuvent retarder l’évolution de l’arthrose et repousser le traitement chirurgical non conservateur en conservant un peu de mobilités, une probable amélioration des douleurs mais au risque ultérieur d’une 2e intervention.

2-La chirurgie non conservatrice :

Deux options, les prothèses et l’arthrodèse :

– Les prothèses permettraient en théorie le maintien d’une certaine mobilité articulaire, mais elles sont exposées à une durée de vie limitée de par leur usure et leur tenue osseuse. À ce jour, il n’y a aucune certitude scientifique quant à leurs bénéfices ni même leur supériorité par rapport à l’arthrodèse.

L’arthrodèse de la 1re métatarso-phalangienne : C’est la soudure de l’articulation. Après avivement de l’articulation et ablation des débris d’usure, on corrige le défaut d’orientation et on fixe l’articulation par du matériel (vis, plaque). Cette intervention fait perdre une articulation mais il s’agit déjà d’une articulation très altérée et enraidie. Cette perte de mobilité de la 1re métatarso-phalangienne est compensée par les mobilités des articulations adjacentes. Le résultat est fiable. Il permet de marcher et de se chausser normalement en dehors des hauts talons (nécessité d’une discussion de la hauteur habituelle de talons portés avant l’intervention pour régler la flexion de l’arthrodèse).